Noël 1991 : quand le départ des vacances de sports d'hiver vire au cauchemar
Entre 21 et 22 décembre 1991 : de très abondantes chutes de neige paralysent les routes des stations de sport d’hiver dans les Alpes au moment des départs en vacances ! Des milliers de vacanciers sont alors bloqués sur les routes et le plan ORSEC est déclenché - il tombe par exemple 1m20 de neige en 24h à Villard-de-Lans, dans le Vercors (au-dessus de Grenoble). De nombreuses avalanches ont lieu un peu partout alors que dans le même temps, des inondations se produisent en plaine notamment en Isère et Savoie.
Une situation météo caricaturale
Situation météo du 20 décembre 1991 et cumuls de précipitations du 18 au 21 décembre 1991 - meteo-villes.com
Dès la mi-décembre 1991, un très puissant courant océanique perturbé frappe de plein fouet toute l'Europe occidentale. L'imposant massif alpin ainsi que le Jura et les Vosges forment un obstacle à la progression des précipitations qui viennent se bloquer et se déverser sur ses reliefs. Le 20 décembre la neige tombe à des altitude relativement basse car l'isotherme 0° se situe aux alentours de 700 m. Mais progressivement, la masse d'air se radoucit et la neige se transforme en pluie jusqu'aux environs de 1500 m d'altitude entre le 21 et le 22 décembre.
Des automobiles parfois ensevelies sous la neige dans les stations !
Cette neige de plus en plus lourde engendre d'importantes inondations et avalanche dans de nombreux secteurs. Dans les stations de sports d'hiver les plus élevées, la couche de neige fraîche dépasse souvent 1 m d'épaisseur ! Ces conditions exceptionnelles par leur intensité et leur durée, surviennent précisément au moment du départ des vacances scolaires de Noël. Si les stations de sports d’hiver se réjouissent de conditions d’enneigement idéales, la situation est tout autre sur les routes.
22 décembre 1991 : Dans les stations de sports d'hiver de la Tarentaise, la neige ensevelie des automobiles - meteo-paris.com
Des axes routiers rapidement saturés
Les difficultés de circulation débutent dès le vendredi précédant Noël. Les autoroutes menant vers les Alpes, notamment celles reliant la vallée du Rhône aux stations de montagne, connaissent des ralentissements massifs, puis des blocages complets. Les routes nationales et départementales d’accès aux stations sont progressivement fermées ou soumises à des restrictions strictes.
La combinaison d’un trafic très dense, de chaussées enneigées et de la pose obligatoire de chaînes entraîne des files de véhicules immobilisés sur plusieurs kilomètres. Des automobilistes restent bloqués pendant plusieurs heures, parfois toute une nuit, à faible distance de leur lieu de villégiature.
Les embouteillages monstrueux de la vallée de la Tarentaise le 22 décembre 1991, au début des vacances de sports d'hiver - meteo-paris.com
Des moyens de déneigement dépassés
Les services de l’équipement et les forces de l’ordre, largement mobilisés, peinent à faire face à l’ampleur de la situation. Malgré un déploiement continu des engins de déneigement, les chutes de neige incessantes rendent l’intervention difficile. Certaines routes fraîchement dégagées se retrouvent de nouveau impraticables en quelques dizaines de minutes.
Dans plusieurs stations, l’accès est temporairement interdit afin d’éviter l’engorgement complet des villages. Des gymnases et des salles communales sont ouverts en urgence pour accueillir des vacanciers bloqués.
Souvent, les engins de déneigement ne suffisent pas à rendre les axes routiers plus praticables… meteo-paris.com
Un départ qualifié de « cauchemardesque »
Les témoignages recueillis à l’époque décrivent un départ « cauchemardesque » : enfants dormant dans les voitures, pénuries de carburant ponctuelles, manque d’informations fiables sur l’état des routes. Les radios locales et nationales diffusent en continu des bulletins de circulation, appelant à différer les déplacements.
La situation se normalise progressivement après Noël, avec l’accalmie des chutes de neige et le retour de conditions de circulation plus favorables. Toutefois, le départ des vacances reste durablement associé à cet épisode hivernal majeur.
Le Noël 1991 demeure, dans les archives et la mémoire collective, comme l’un des épisodes les plus marquants en matière de perturbations liées à la neige lors des départs en vacances d’hiver. Il a contribué à une prise de conscience sur la nécessité d’une meilleure anticipation des épisodes neigeux exceptionnels, tant du côté des autorités que des automobilistes se rendant en station.
Pour beaucoup, ce départ chaotique reste le paradoxe parfait des sports d’hiver : une neige abondante, idéale sur les pistes, mais redoutable sur la route.
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Auteur : Guillaume Séchet
